Création en cours : SACCAGE.



Création en cours : SACCAGE

Du 29 août au 30 novembre 2021
Les dimanches à 20h30
Les lundis & mardis à 21h


Manufacture des Abbesses
7, rue Véron, 75018 PARIS
Réservations : resa@manufacturedesabbesses.com





Amargi !

AMARGI !
Anti-tragédie de la dette et de la monnaie




Notre société croule sous les dettes, privées ou publiques ; chaque individu est hanté par le souci d'accéder à la monnaie, pour assurer sa subsistance... L'angoisse monétaire pèse ainsi sur la totalité de nos existences. Que se cache-t-il derrière cette angoisse ? Pourquoi la dette est-elle devenue ce piège fatal ? Comment reprendre la main sur la création monétaire ?

La compagnie ADA-Théâtre propose un spectacle épique et ludique sur la dette et la monnaie : pour enfin lever l'inhibition qui nous tient médusés devant l'horreur de l'argent.

Ainsi peut-on espérer renouer, sinon avec la solvabilité, du moins avec l'intelligibilité de ce système moins tragique qu'il n'en a l'air : car ce que les humains ont fait, ils peuvent le défaire, pour le faire autrement. Cela suppose un peu d'imagination, le goût de la transformation, la joie de l'émancipation ; et le plateau de théâtre est fait pour ça...



AMARGI !
Anti-tragédie de la dette et de la monnaie


Après avoir exploré notre aliénation dans le salariat, à travers Bienvenue dans l’angle Alpha, il faut pousser plus loin : au cœur de notre servitude se tient l’argent. La monnaie, la dette (c’est la même chose) forment cet hameçon par quoi nous sommes suspendus à toutes les misères, tous les renoncements, tous les esclavages. Notre prochain spectacle a pour ambition de donner à voir sur le plateau ce que dette et monnaie veulent dire et nous font faire. Alors que le peuple grec vient de faire l’objet d’un coup d’état financier, au nom d’une dette odieuse, illégitime et insoutenable, c’est peu dire que notre préoccupation est d’actualité.
Il y a là quelque chose d’obscène (littéralement : ce qui ne doit pas être montré) – et c’est bien sûr exactement pour ça qu’il faut le mettre en scène. Non pour faire une conférence savante mais pour donner corps à notre désarroi, et partager notre aspiration à une réappropriation collective de la question et de ses réponses possibles. Il faut oser dire de la monnaie : nous n’y comprenons rien, nous voulons y voir plus clair, pour enfin arbitrer son destin – car le destin de la monnaie est le nôtre exactement. Il faut oser lever l’inhibition qui nous tient médusés devant les lois de l’argent ; il faut donner forme et figure à ces abstractions qui capturent nos vies concrètes.

Récit dramatique

Le spectacle part de cette question toute simple : comment ça va, avec l'argent ? Question indiscrète à laquelle nul n'a vraiment envie de répondre - tout de suite le sentiment de l'obscène vient plonger chacun dans un déni mi-courtois mi-coupable. Alors un personnage se dévoue : l'Endettée, qui évoque sommairement sa propre situation, le crédit immobilier qu'elle a dû solliciter pour pouvoir garder son logement. Et la voilà embarquée dans la spirale infernale de la dette et de son explication par la création monétaire : un manège se déploie autour d'elle, qui tient du cirque ou du grand Huit, qui lui fait apparaître les mécanismes insensés qui président à notre système monétaire. L'acte I consiste dans cette aventure étrange, ludique et didactique, au cœur de la fabrique de la monnaie par l'emprunt auprès des banques privées. Et bientôt une nouvelle obscénité se fait jour : celle de notre politique monétaire, absurde, cynique et funeste, vouée à siphonner les ressources de la planète comme celles des ménages. On est passé de l'étonnement à la nausée, sinon l'angoisse, devant ce précipice vers lequel toute la société court aveuglément. Comment a-t-on pu en arriver là ?
L'acte II entreprend d'aller parcourir l'Histoire à la recherche des origines de la dette et de la monnaie : quelques moments-clé sont incarnés, depuis les monnaies sociales des sociétés primitives jusqu'aux emprunts russes du début du XXème siècle, en passant par le capitalisme naissant de la Renaissance italienne et les assignats de la Révolution Française. L'énigme "Amargi" est résolue dès l'épisode mésopotamien : on y découvre comment la civilisation sumérienne avait inventé la monnaie, le crédit, la dette - et son antidote : "amargi". On saute d'époque en époque en des reconstitutions plus cocasses que sérieuses, décisives pourtant pour comprendre comme l'étau de notre politique monétaire s'est formé au fil des siècles.
L'acte III ouvre une fenêtre vers l'avenir : comment en sortir ? Nous voici propulsés dans une société future qui a pu échapper à l'étau de la dette et de la rareté monétaire. Le "salaire à vie" y règne, et quelque chose comme une douceur de vivre dans un monde qui n'est plus intégralement condamné à la course au fric à n'importe quel prix... Une utopie ? Pas forcément ; cet avenir-là n'est pas sans déconvenues, et il n'est proposé qu'à titre d'hypothèse : il faut encore le faire advenir, ce qui suppose bien des combats qu'il faut livrer avec notre présent. Si l'on trouve la force d'y faire face - et le spectacle espère y contribuer - alors... ça ira, ça ira !

Scénographie : la sphère et le cercle (de la dette).

Faire face à notre politique monétaire suppose donc de donner forme et figure à ces abstractions - la monnaie, la dette - qui capturent nos vies concrètes. Forme et figure ça veut dire que sur le plateau on joue, concrètement, à des jeux, de balles et de cerceaux : la sphère est le signe géométrique de ce spectacle permettant de faire « descendre » la théorie dans la matérialité du plateau. L’idée est de proposer une sorte de poème concret offrant comme une anamorphose, sensible et bouffonne, des principes monétaires. Se déploiera donc en scène une prolifération drolatique de cerceaux et de boules de plastique. La dette, ce cercle infernal, est figurée par des cerceaux de hula hoop – de ceux dans lesquels il faut s’agiter sans cesse, piégé dans leur périmètre, pour les maintenir en apesanteur. A mesure que s’expose la mécanique de la création monétaire, les cerceaux se multiplient, se superposent. Ils forment des pièges circulaires et accueillent des centaines de balles de piscine ; les piscines à balles sont, initialement, ces bassins remplis de boules de plastique où les enfants adorent plonger et se vautrer : équipant les zones commerciales qui cherchent par là à séduire et occuper les enfants pendant que leurs parents se livrent à leur activité consumériste, elles sont le signe ludique de la consommation de masse, de sa frénésie prétendument jubilatoire. Elles évoquent aussi l’élément liquide, puisqu’elles sont censées transposer l’expérience de la piscine dans les formes solides du plastique, et permettent ainsi de figurer la liquidité constitutive du principe monétaire : les balles, comme la monnaie, circulent à toute allure, se déplacent de main en main, quand elles ne roulent pas au sol de cerceau en cerceau, d’où elles s’échappent et prolifèrent, inondant bientôt la scène – comme notre vie est intégralement envahie par la préoccupation de l’argent. Et bien sûr, comme dans toute piscine : on peut se noyer, piégé dans trop de cercles de dettes, intégralement immergé dans ce tombereau de balles.




Au cœur du dispositif scénographique, cet autre élément : l’ardoise, comme matière. Un coffre peint en couleur ardoise, qui peut évoquer le coffre à jouet des enfants, contient la plupart des éléments de jeu qui apparaissent au fil du spectacle. Il permet de figurer la banque, puis la Banque Centrale, institution de légitimation de la création monétaire, et reçoit les inscriptions à la craie des crédits consentis qui sont autant de dettes. Avoir une « ardoise », c’est être débiteur bien sûr, et l’une des questions qui se pose est de savoir dans quelle mesure, dans notre société hantée par la dette comme par le péché originel, une ardoise, « ça s’efface »… Sur le plateau, il suffit d’une éponge. Dans nos vies de débiteurs, c’est plus compliqué.

Enjeu dramaturgique : dédramatiser.

Une ardoise, ça s’efface ? La certitude où nous sommes aujourd’hui, où sont en tout cas les gouvernements européens contemporains, est qu’il faut payer, impérativement, à n’importe quel prix (humain, social). Or il n’en a pas toujours été ainsi… C'est tout l'intérêt de l'épisode "Amargi" de montrer que d'autres approches de la dette ont été expérimentées, avec succès : « amargi » est le mot sumérien qui voulait dire « Liberté » en Mésopotamie, trois mille ans avant notre ère. Il était gravé sur des tables d’argile à chaque fois qu’un roi prononçait un décret de « libération » : libération de tous les asservis pour dette, et retour chez leur mère des enfants de débiteurs tenus en gages chez leurs créanciers. Il signifiait l’annulation de toutes les dettes, retour à la case départ, ardoises à zéro ; c’était un rituel fréquent, auquel le pouvoir se livrait chaque fois que l’ordre social était trop gravement menacé par les crises de la dette, vieilles comme la monnaie. Contrairement à ce que nous suggère la doxa contemporaine, ni la dette ni le "péché" n’étaient inéluctables. Ainsi percevons-nous mieux le caractère arbitraire et conjoncturel des règles monétaires qu'on veut nous imposer comme des lois naturelles : il importe de saisir ces principes dans leur trivialité, pour mesurer enfin que la monnaie n'est rien d'autre qu'une convention - un jeu de société, dont on pourrait tout aussi bien réécrire les règles.

D’où l’importance d’une scénographie ludique, mobilisant l'univers des jouets pour enfants. Sur le plateau, les acteurs font l'expérience du jeu, de la manipulation, de la transformation, par quoi l'on voit que la monnaie n'est pas une transcendance qui nous échoit inexorablement, mais une forme façonnée par quelques uns, et subie par la collectivité. Elle apparaît dans son caractère relatif, transitoire, et comme telle, susceptible d'être refaçonnée. Le spectacle se donne ainsi paradoxalement pour projet de « dédramatiser » l’empire de la monnaie. C’est un paradoxe puisqu’en portant ses lois sur un plateau théâtral, nous faisons plutôt un travail de « dramatisation » de la monnaie ; mais ce que nous entendons défaire, c’est le tragique : en matière de monnaie, il n’y a pas de fatalité. Les formes que nous lui connaissons  sont le produit de l’histoire et de la politique, et ce que l’humain a fait, il peut le défaire. Il n’y a nul fatum monétaire : il n’y a que des politiques monétaires, il faut donc le savoir, et puis les refaire – après les avoir défaites.

Du théâtre "politique"

Notre démarche, consistant à proposer un théâtre soucieux de penser le monde contemporain avec exigence et passion, a parfaitement rencontré les dispositions de Yann Reuzeau, le directeur de la Manufacture des Abbesses, également metteur en scène et auteur de la très remarquable fresque théâtrale Naissance d’une nation. Il allait de soi, pour lui comme pour nous, que la prochaine création ADA verrait le jour sur le plateau de la Manufacture des Abbesses, notre démarche et la sienne s’articulant autour de la recherche d’un « théâtre politique ».  « Politique », dans le sens où il s’agit de travailler sur les structures de notre monde contemporain, dans une quête d’émancipation qui ne se contente pas de slogans réducteurs ou de jérémiades contre-productives. Le plateau est pour nous le lieu de la « réflexion » du monde, non pas seulement comme miroir mais comme dispositif permettant sa pensée ; un espace d’expérimentation qui permet de se réapproprier nos formes de vie en les refigurant.




AMARGI ! Anti-tragédie de la dette et de la monnaie






Texte et mise en scène : Judith Bernard.

Sources : Le spectacle est écrit à partir d’une copieuse documentation parmi laquelle figurent en bonne place : Dette, cinq mille ans d’histoire (David Graeber), La Malfaçon (Frédéric Lordon), La Monnaie entre violence et confiance (André Orléan et Michel Aglietta), Emanciper le travail (Bernard Friot). Sylvain Leder, professeur agrégé de Sciences Economique et Sociales, est notre conseiller scientifique ; il a élaboré le support pédagogique qui accompagne le spectacle, à destination des enseignants de SES susceptibles de l'utiliser dans le cadre de sorties scolaires avec leurs élèves de Première et de Terminale.

Avec :
Judith Bernard
Gilbert Edelin / David Nazarenko (en alternance)
Benjamin Gasquet
Antoine Jouanolou
Toufan Manoutcheri
            Et Frédéric Harranger aux percussions.

Création Lumière : Rachel Dufly

Assistante de production : Louna Coleuille

Durée du spectacle : 1h30

Compagnie ADA-Théâtre : http://ada-theatre.blogspot.fr
Direction : Judith Bernard
78, rue René Boulanger -75010 PARIS

Contact : ada-theatre@orange.fr
Réservations : resa@manufacturedesabbesses.com


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